Mohon Kumar Mondal tente de rendre les conditions de vie des familles les plus pauvres plus supportables malgré la hausse du niveau des mers et les cyclones impactant le sud du Bangladesh. Face à ces urgences, l’humanitaire est indigné par la lenteur des négociations internationales.

SEL. « Venez dans mon pays, pour voir ! ». Mohon a l’invitation facile. Mais ce qu’il veut montrer du Bangladesh, c’est le sort indigne des pauvres vivants dans sa région natale, pas la superbe mangrove des Sundarbans, la plus grande du monde. Ce royaume des tigres royaux du Bengale inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, voisine en effet son district de Satkhira. « Chez moi, le niveau des mers monte deux fois plus vite qu’ailleurs à cause de la fonte des glaciers de l’Himalaya, décrit Mohon. Les terres se salinisent, les récoltes baissent tandis que nous devons affronter de plus en plus de cyclones violents ». A 42 ans, Mohon n’a pourtant jamais imaginé vivre ailleurs que sur cette terre en sursis. Ses études de sciences environnementales terminées, il est revenu sur sa terre natale pour faire profiter de son enseignement en fondant LEDARS (Local Environment Development and Agricultural Research Society).

La salinisation des terres fait fuir les hommes de la région. Ils migrent vers l’intérieur du pays ou vers l’Inde, ou bien tentent de survivre en entrant dans les Sundarbans pour aller y récolter les fruits de la mangrove. « Il y a ainsi beaucoup de familles sans hommes partis travailler ailleurs, sans compter plusieurs centaines de veuves parce que leur mari a été tué par un tigre dans les Sundarbans » poursuit Mohon. Son ONG créée en 1996 veut ainsi recréer les conditions économiques d’une vie digne. 12 000 familles bénéficient de cette action.

Un combat quotidien pour l’eau potable

HYBRIDES. Son premier axe de travail, c’est le retour de l’agriculture et donc la lutte contre la salinité. L’ONG aide à construire des digues protégeant des réserves d’eau, des champs surélevés pour protéger les racines des plantes, des retenues d’eau pluviale pour optimiser la ressource. Les centres de recherche de Dacca ont mis au point des variétés de riz et de légumes résistants à la salinité dont les graines sont distribuées gratuitement. «Il faut souvent vaincre les inerties locales, démontrer que les solutions sont bonnes, toujours faire en sorte que les techniques utilisées soient simples à mettre en œuvre pour ne pas décourager les paysans, et toujours se débrouiller pour que tout cela ne coûte pas cher » résume le directeur.

Cela l’oblige à passer son temps sur le terrain à convaincre, installer, organiser. Et de montrer son teint hâlé pour justifier de ces heures passées sous le soleil. Mais les résultats sont là. Les rendements de riz hybrides ont augmenté de 6% grâce aux variétés résistantes et les constitutions de cheptel de poules ou de moutons ont permis aux “veuves des tigres” d’entamer une activité économique apte à faire vivre leurs enfants (la moyenne dans la région est de 4,5 enfants par femme).

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